Imogen Cunningham, photographe pionnière et féministe

 

Autoportrait de Imogen Cunningham

Au début des années 1900, Imogen Cunningham a bousculé le monde de la photographie et la société.  À cette époque, la photographie était un monde d’hommes et n’était pas encore considérée comme un art à part entière.  Pour la plupart des gens oeuvrant dans les arts classiques, la photo était un « gadget ».

Bousculer les normes

Après avoir terminé des études en photographie et rédigé une thèse sur la production d’émulsion platine, elle publie un manifeste féministe intitulé « Photography as a Profession for Women ».  En choisissant de faire du nu, un style qui était traditionnellement réservé aux artistes masculins peu importe le médium utilisé (dessin, peinture, sculpture ou photo), elle montre qu’une femme est tout autant « photographe » qu’un homme.  En 1916, dans la série « The Bather », elle met en scène un modèle masculin qui se baigne nu sur la rive d’un lac.  Il n’y a aucune mise en scène dans les photos.  C’est comme si elle les avait faites spontanément, il y a un côté « voyeur » dans les images.   Il va sans dire qu’à cette époque aux mœurs victoriens, un homme nu sur des photos choque énormément.  Le scandale est tel que Cunningham retire les images pendant plus de 50 ans.

« The Bather »

Elle fait parti du mouvement pictorialiste aux côtés d’Alfred Stieglitz.  Le mouvement cherche à faire admettre la photographie aux Beaux-Arts.  Lorsqu’on regarde les premières photos de Cunningham, on ne peut s’empêcher de les comparer à des toiles.  Par la composition, le choix du sujet et la texture particulière du papier platine, sa démarche photographique est similaire à celle d’un peintre.  Ses photos les plus connues sont sans aucun doute ses magnolias et ses portraits de la danseuse Martha Graham.

 

Magnolia

La beauté de l’imparfait

Ce qui m’attire le plus dans le travail de Cunningham est que ses photos présentent toutes des imperfections techniques.  Certains tirages sont gris, l’exposition n’est pas toujours parfaite, l’image est granuleuse et souvent le flou est important.  Lorsqu’on connaît la perfection technique que nous donne aujourd’hui le numérique, il semble inconcevable que des photos aussi « mauvaises » puissent être considérées comme étant des chefs-d’œuvre.  Pourtant son travail est dans les musées et les galeries… pourquoi?  D’un point de vue purement visuel, lorsqu’on regarde les photos, on sent la Vie.

Martha Graham

L’absence de perfection fait qu’il est plus facile de s’identifier au photographe et/ou au sujet de la photo car on se dit que nous aussi on pourrait faire une photo semblable.  Les défauts de l’image la rendent humaine.  Sachant qu’elle a passé des heures en chambre noire pour faire les tirages, les imperfections qu’on voit sont voulues ou acceptées par Imogen Cunningham.  Un autre photographe, face aux mêmes imperfections, auraient jeté les négatifs et n’aurait jamais tiré les photos.  Lorsque je regarde les millions de photos qu’il y a sur Instagram, je trouve qu’elles sont toutes belles de la même façon et par conséquent elles n’ont pas de personnalité.  Chaque erreur est unique!

Martha Graham

La morale de l’histoire

On fait fausse route en cherchant des photos plus-que-parfaites.  L’erreur est humaine, c’est normal d’en voir dans les photos.  Si après avoir passé 2 heures à l’ordinateur à travailler une photo vous trouvez qu’il y a encore quelque chose qui cloche, c’est parce que vous avez fait trop de corrections.  Comment faire pour avoir une image forte malgré des lacunes techniques?  Simplement en ayant une bonne composition et un bon sujet.  Il y a quand même un minimum de technique nécessaire pour que la photo soit bonne mais il n’est pas nécessaire de viser la perfection.

« Morning Mist and Sunshine »

Le photographe doit s’impliquer dans la prise de vue, la photo doit être une expérience vécue et non pas un acte passif.  Lorsque je travaille avec des modèles, je m’efforce toujours de les faire « vivre ».  Si le photographe n’a pas trippé en faisant la photo, il n’y aura aucune énergie dans l’image finale.  Chaque photo d’Imogen Cunningham représente un morceau de sa vie.  Ses premières images sont un combat pour faire accepter la photographie aux Beaux-Arts, ses nus sont son combat pour soutenir le féminisme, plusieurs photos furent faites uniquement dans le but de voir son travail être publié dans la revue « Vanity Fair », etc.  Quelle est votre intention derrière vos photos?

 

 

 

 

Je vous suggère de lire le livre « Imogen Cunningham » de Richard Lorenz.  Prenez le temps de bien regarder les photos.  Demandez-vous quels éléments de l’image vous font oublier les imperfections.

« Imogen Cunningham » de Richard Lorenz

2 réponses pour “Imogen Cunningham et la belle imperfection de l’image”

  • Je doit faire un travail en photographie,
    Il s’app A la manière de…
    et dans mon cas c’est a la manière d’imogen Cunningham, je doit m’inspirer de ses photos et faire une photo, mais je n’ai pas d´idées….quelqu’un pourrait m’aider s’il vous plaît 😬

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.