Lorsque j’ai fait mes études en photographie, à la troisième et dernière année du programme nous avions les cours de « chambre noire avancée ».  Les cours étaient enseignés par Bob.  La maîtrise technique qu’il avait de la photographie était légendaire.  Au royaume de la photographie, si Dieu le Père était Ansel Adams, Bob arrivait en second!

Ansel Adams déguisé en Moïse. « And God said: let there be light. And he divided the light into 10 zones »

Lorsque nous faisions des travaux pratiques en chambre noire, Bob s’asseyait sur une chaise juste à côté des tables lumineuses.  De là, il voyait tous ceux qui entraient et sortaient des chambres noires.  Chaque fois qu’il nous donnait des exercices, les contraintes et pré requis étaient toujours très strictes.  Nous devions, entre autre, tirer les photos sur une feuille 11 X 14 pouces et laisser une bordure blanche de 5mm tout autour de la feuille.  La première chose que Bob faisait lorsqu’on lui remettait une photo était de mesurer la bordure avec sa règle et gare à nous si la marge ne faisait pas 5mm!  Si c’était un exercice, il nous soulignait le problème et c’était sans conséquences mais s’il s’agissait d’un examen, nous perdions des points.

Lorsque nous travaillions en chambre noire dans le but d’apprendre et de nous améliorer, Bob se faisait un plaisir de nous donner plein de conseils.  Très souvent les modifications qu’il nous demandait de faire dans notre photo nous paraissaient tirées par les cheveux.  « Augmente l’exposition de 1.5 secondes dans telle région de la photo. » « Voyons Bob! Une seconde et demie ne fera aucune différence! ». « Vas-y, fais-le sinon je t’enlève des points. »  Nous retournions à notre agrandisseur en tempêtant qu’il nous faisait gaspiller une feuille de papier et on reprenait le tirage en suivant ses consignes… Le vieux maudit avait raison!  La seconde et demie de plus d’exposition fait une différence: la différence entre une image amateur et une image professionnelle.

Faire preuve d’humilité

Vous voyez, le problème est que rendu à la fin de notre programme d’études, nous étions convaincus de tout savoir sur la photographie.  Nos photos sont parfaites et ceux qui disent le contraire ne connaissent rien à l’Art Photographique.  Tous photographes qui cherchent à s’améliorer vont un jour atteindre un point où ils seront convaincus de tout savoir.  À ce moment, ils refusent d’entendre la critique et n’écoutent pas les conseils des photographes plus expérimentés car les suggestions qu’on leur fait semblent futiles.  « Ajoute 2 unités de vert dans ta photo, diminue la luminosité des noirs de une unité, etc » comme si c’était pour apporter un changement important à la photo.  Il faut à ce moment avoir la sagesse de piler sur son orgueil et de faire ce que l’on nous suggère.  Des nuances aussi subtiles peuvent seulement être vues en comparant la première version de l’image avec la nouvelle version qui contient les fines corrections.  Si on reste convaincu qu’on ne peut faire mieux que ce qu’on a déjà fait et qu’on refuse de reprendre notre tirage, on ne verra pas que notre photo pouvait être meilleure.

À la fin du programme d’étude, on comprenait pourquoi tout le monde au Dawson’s Institute of Photography disait: « Bob a toujours raison! »

 

Je vous invite à lire mon texte: « Comment ne pas apprendre la photo »

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.