Plusieurs photographes exposent en numérique de la même façon qu’on expose en argentique.  Malheureusement, ce n’est pas la bonne méthode.  On n’exploite pas un capteur numérique comme un exploite un film, pour la même raison qu’on ne travaille pas avec un film argentique comme si on était avec une émulsion au collodion humide.  Chaque type de support a ses particularités et par conséquent la prise de vue doit en tenir compte.  En argentique, on utilise le Zone System, en numérique, on expose à droite!

 

« Obtenir une image » vs. « obtenir des données »

Avant d’expliquer la façon dont on expose en numérique, je dois d’abord souligner une différence énorme entre le film et le numérique.  Les puristes vont sûrement grincer des dents en lisant ce qui suit.  Toutefois, cette vision des choses est primordiale pour tous photographes voulant produire des images numériques de niveau professionnel.

Lorsqu’on travaille avec du film, au moment où on appuie sur le déclencheur, on obtient une image sur le film.  En développant la pellicule en chambre noire, l’image devient visible.  Compte tenu que les possibilités de correction en photo argentique sont très limitées, on doit donc exposer de façon que l’image obtenue sur le film corresponde le plus possible à l’image finale qu’on a en tête.  En numérique, à la prise de vue, on obtient des données.  Celles-ci devront être manipulées à l’ordinateur pour produire l’image finale.  Par conséquent, à la prise de vue, on doit exposer pour que le fichier RAW enregistré sur la carte mémoire contienne toutes les données nécessaires à l’obtention de la photo finale.  Exposer pour obtenir une bonne image n’est pas du tout la même chose qu’exposer pour obtenir un bon fichier.  Vous aurez aussi compris qu’en numérique, le traitement de la photo à l’ordinateur est essentiel si on veut obtenir une image de qualité professionnelle.

 

Les limites d’un capteur numérique

 La principale faiblesse d’un capteur numérique est son incapacité à produire des détails précis et nets dans les zones de basse lumière.  Grossissez une photo dans laquelle il y a des hautes et des basses lumières ainsi que des gris intermédiaires.  Vous réaliserai que l’image – là où c’est sombre – est légèrement estompée et bruitée (granuleuse).  Maintenant regardez une zone de haute lumière dans la même photo.  Les détails sont précis et il y a moins de bruit.  Plus le ISO est élevé, plus le phénomène est visible.  Si vous faites le test avec une photo prise à 100 ISO, il n’y aura pas beaucoup de différences dans la netteté de l’image entre les hautes et les basses lumières.  Avec une photo faite à 800 ISO ou plus, la différence sera facilement visible.

 

La solution : exposez à droite!

« Exposer à droite » fait référence à la distribution de l’histogramme qui illustre la répartition de la luminosité des pixels de la photo.  Vous pouvez voir l’histogramme sur l’écran de la caméra ou dans le logiciel de traitement d’image.

Dans une photo « correctement » exposée, la majorité des pixels sont regroupés au centre de l’histogramme.  Dans cette photo, les parties de l’image qui correspondent aux basses lumières sont trop sombres pour que le capteur puisse enregistrer des détails.

La solution est donc de surexposer la photo lors de la prise de vue de façon que les pixels soient concentrés à la droite de l’histogramme.  En surexposant ainsi, les régions de basse lumière deviennent des gris moyens… une luminosité dans laquelle le capteur peut enregistrer des détails précis avec peu de bruit.  À l’ordinateur, la première chose qu’on fait en ouvrant la photo est de diminuer l’exposition pour la ramener comme elle doit être.

On doit s’assurer lorsqu’on surexpose que la photo n’est pas trop surexposée.  Une trop grande surexposition entraînera une perte dans les détails des hautes lumières.  En langage photographique, on dira que les détails sont brûlés.

 

Quelques trucs pour facilement « bien » exposer à droite

Pour s’assurer que l’image n’est pas trop surexposée, il suffit d’utiliser la fonction de la caméra qui fait clignoter sur l’écran arrière les régions brûlées.  Il est normal dans une photo d’avoir des endroits complètement blancs (ex. : une source de lumière directe ou un reflet) donc il n’y a aucun souci à avoir si on voit quelques points blancs clignoter.  Toutefois si de grandes régions de la photo clignotent, c’est qu’on a vraiment trop surexposer.  On refait la photo en diminuant un peu l’exposition.

Bouton « compensation d’exposition »

Personnellement je travaille toujours avec un mode semi-automatique (priorité au diaphragme ou priorité à la vitesse d’obturation).  Quand je photographie dans la rue, je ne veux pas m’embêter avec le mode manuel!  Pour ajuster la surexposition, j’utilise la compensation d’exposition.  Il y a sur votre caméra un petit bouton (voir photo) qui vous permet de dire à la caméra de combien de stops surexposer ou sous-exposer la photo.

En résumé

  • Utilisez la compensation d’exposition;
  • Lorsque je travaille en plein soleil, je surexpose de 1 stop (+1) ou même 1 stop et 1 tiers (+1.3);
  • Si mon sujet est principalement foncé, il n’est pas nécessaire à la prise de vue de surexposer pour que l’histogramme soit complètement à droite.  En exposant pour que la cloche soit à peu près au centre, les zones de basse lumière auront des détails précis;
  • Lorsque je fais du portrait, il est très important qu’il n’y ait aucune région de surexposée sinon il y aura des plaques blanches dans le visage.  C’est le seul moment où je n’expose pas à droite, j’expose « normalement ».

En conclusion…

Vous n’aurez pas le choix que de travailler vos images à l’ordinateur si vous désirez obtenir des résultats professionnels.  En trente ans de photographie, je n’ai jamais vu une photo sortir d’une caméra et pouvoir être utilisée telle quelle.  C’était vrai en argentique, ce l’est encore plus en numérique!

Pas le choix que de traiter la photo à l’ordinateur!

Faite vos propres tests avec la technique d’exposer à droite.  Les capteurs numériques se sont beaucoup améliorés depuis les dernières années.  Si vous avez un modèle de caméra récent, il se pourrait qu’en faible ISO vous puissiez exposer « normalement ».  En haut ISO (ISO 800 ou plus), la technique est essentielle pour obtenir des détails précis en basse lumière.

Finalement, il y a le côté artistique.  Certains photographes n’ont aucun problème avec des zones noires totalement opaques qui ne présentent aucun détail.  Personnellement, j’aime qu’il y ait des détails dans mes ombres.  Par conséquent, j’expose toujours à droite.

J’ai tenté d’être le plus clair possible.  Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter.  Mes coordonnées sont dans l’onglet « Contact« .

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