En 1994 le Musée des Arts Contemporains de Montréal présentait une rétrospective du travail de Robert Doisneau.  Ce fut, à l’époque, l’exposition qui avait attiré le plus de gens au MAC.  En tant que photographe de rue, j’y suis allé deux fois.  L’exposition était tellement grosse et il y avait tellement de gens qu’il était impossible de tout voir en une seule visite.

Le baiser de l’hôtel de ville.

L’importance de se reconnaître

Je ne pouvais m’empêcher d’écouter les commentaires des gens face aux images iconiques de Robert Doisneau.  Tous prenaient un plaisir fou à regarder les photos parce qu’ils reconnaissaient leurs conjoints, leurs enfants, leurs frères ou sœurs ou leurs voisins.  Les gens se voyaient eux-mêmes dans les photos car ils reconnaissaient des situations qui avaient déjà vécues.  Le constat est clair : les gens veulent se voir, ils veulent pouvoir s’identifier à ce qu’ils voient dans la photo.

«Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre.» – Robert Doisneau

 

Les enfants de la Place Hébert.

Vous souvenez-vous (je m’adresse aux plus vieux!) des séances de diapositives qu’on faisait dans le salon?  Toute la famille était réunie autour du projecteur et on s’amusait comme des fous à regarder des souvenirs même si la plupart du temps les photos étaient horribles.  Aujourd’hui les plus jeunes font la même chose sur Instagram, Facebook, Snapchat…  Qu’est-ce qui rend Robert Doisneau exceptionnel?  Qu’est-ce qui fait de lui un « grand photographe »?  Il a consacré sa vie à faire des photos souvenir, il a maîtrisé la technique pour que les images soient esthétiquement fortes.  Il l’a fait avec passion.

L’importance d’une présence humaine

Mes 30 années de photographie m’ont clairement montré que lorsqu’il n’y a personne dans la photo, l’image est toujours moins forte.  Pourquoi?  Parce qu’il est difficile sinon impossible de s’identifier à une photo dans laquelle il y a seulement des objets.

École rue Buffon, Paris Vème.

C’est aussi la raison pour laquelle j’ai beaucoup de misère avec les photographies dans lesquelles la « démarche artistique » est plus importante que ce qu’on voit dans la photo.  Si, pour pouvoir comprendre une image, je dois lire un texte ou écouter le photographe m’expliquer sa démarche et son message, c’est que la photo est ratée.  La photo ne me donne pas toute l’information dont j’ai besoin pour pouvoir la comprendre et l’apprécier et – surtout – je ne me reconnais pas dans la photo.

 

 

 

Faites comme Robert Doisneau!

Le conseil que je donne aux photographes qui débutent: mettez des gens dans vos images, mettez de la vie, du naturel et du spontané.  Arrangez-vous pour que le voisin se reconnaisse dans vos photos.  Assurez-vous que la fille qui habite en Australie ou le gars au Japon puissent s’identifier à vos images.  À tout ceux qui qualifient ce genre de travail de « photos de matantes », je leur dis : « allez voir Doisneau »!

Baiser blotto.

4 réponses pour “Ce que Robert Doisneau m’a appris”

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